Road trip en Bourgogne
On m’a dit : « Tu pars au
ski ? ». C’était de saison, j’ai dit non.
« Au soleil alors ! ».
L’alternative. J’ai dit non plus. Et je n’ai rien ajouté, pas envie de lever le
voile, trop de choses à expliquer ensuite.
Partie en Bourgogne, voilà tout, non
pas pour glisser sur la neige ou sur l’eau, juste rencontrer des lycéens, des
apprentis, un peu partout, enfin ceux épargnés par les chutes de neige
impromptues.
Pour parler de mon livre, sélectionné pour le Prix littéraire des
lycéens et apprentis de Bourgogne, un prix organisé par leur région, le Conseil
Régional, par le Centre Régional du Livre, de Bourgogne for ever.
La Bourgogne
Road trip : Dijon, Avallon, Cosne-sur-Loire, Semur-en-Auxois,
Nevers, Decize, Château-Chinon, Dijon
Sur les routes pour aller à leur rencontre, et dire comment j’écris, ni en silence, ni avec de la musique, ni dans un lieu en dehors de tout, dans ma cuisine le plus souvent, avec du bruit, et mes enfants qui lisent par-dessus mon épaule.
Pour raconter
depuis quand ça m’est venue, cette vocation.
Depuis l’enfance, enfin, l’écriture, raconter des histoires, me raconter des
histoires, pour me changer les idées. Et puis les poèmes, les lettres, les
journaux intimes. Enfin tout ce qui s’écrit quoi. J’explique aussi mon titre, son histoire.
J’aurais aimé qu’ils me parlent d’eux davantage, moi, je me connais, je sais
pourquoi j’ai deux métiers si différents, juste une question d’équilibre. Je
voudrais savoir ce qu’ils vont faire, plus tard, ou l’année prochaine, ce
qu’ils lisent, ce qu’ils voient au cinéma. Je saurai juste qu’ils ont adoré
« Intouchables », et là, je suis 100% d’accord. Il y a des règles du
jeu, eux sont là pour poser des questions, et moi pour y répondre, je suis
l’auteure. Avec un e à la fin,
merci ;-)
Il y a ceux qui parlent, parfois
beaucoup, et aussi ceux qui ne disent rien. Rien à faire, je ne peux m’empêcher
de me revoir à leur âge, dans ma classe au lycée. Si « Le gouffre du temps » agit sur moi
comme sur le narrateur de cette histoire écrite par Georges-Olivier
Châteaureynaud, je suis parmi eux, et probablement, je ne dis rien. Au lycée je
perds ma voix, pour quelques années, et je sais bien pourquoi. Alors je leur
dis, à ceux qui ne parlent pas, « Lancez-vous ! Je ne mange
personne ! » Mais au fond je ne suis pas inquiète, je sais qu'ils changeront.
Ce que je ne leur dis pas, c’est que
la seule chose qui me fait peur, à moi, c’est le silence. C’est poser une
question toute bête et que l’on n’y réponde pas, comme si elle était trop bête
justement, ou comme si elle voulait dire autre chose que ce qu’elle dit tout
simplement. Mais là, j’arrive sur un terrain où je préfère utiliser la fiction
pour écrire ce que j’ai à dire.
Alors voilà, je parle des rencontres,
un peu, il y aurait tellement plus à raconter. Le temps toujours compté. Et puis
du silence entre les mots, c’est bien.
Avec les lycéennes du Lycée de l'Espérance de Nevers.
Au-delà des rencontres avec les lycéens, leurs professeur(e)s de Français et leurs responsables de CDI, il y a mon accompagnateur, Michel L., Belge adorable, j’ai de la chance de parcourir les routes de Bourgogne avec lui. Toujours de bonne humeur, drôle, plein de fantaisie, curieux de tout, des gens, des différentes formes artistiques. Ensemble on parcourt des bornes et des bornes, on parle pas mal, de nos vies si différentes, de ce qu’on aime. Pas de problème pour aller voir la fontaine peuplée des sculptures colorées de Niki de Saint-Phalle, surprenantes face à la mairie de Château-Chinon. Ni pour visiter la cathédrale de Nevers, déroutante avec ses vitraux modernes, de Jean-Michel Alberola notamment.
A Nevers
justement, on croit bien ne pas trouver de restaurant, le soir, il est tout de
même 21h. Finalement nous découvrons au hasard un restaurant Sri Lankais.
J’aime les surprises, celle-là est bonne. Nous sommes les seuls clients et l’homme
nous parle de son pays, de sa famille restée au loin, de sa femme, de son jeune
garçon dont il est si fier. On se dit, le Sri Lanka – Nevers, waouh, et nous
restons perplexes.
Vitraux de Jean-Michel Alberola, Cathédrale de Nevers
Avec Marion C., la directrice du CRL
de Bourgogne, autre surprise. Il faut dire que tout a été chamboulé par la
neige, je devais passer ma première nuit à Cosne-sur-Loire, mais voilà, Dijon
dont je ne devais voir que la gare, devient une véritable étape. Marion C. veut
m’inviter le soir au restaurant. On y va à pied, lieu charmant, à deux pas de
l’hôtel. Seulement voilà, elle et moi avons oublié une chose essentielle, la
Saint-Valentin, tout est archi réservé de longue date. Ça nous amuse, finalement
la soirée se terminera devant un délicieux plat de pâtes improvisé.
Je songe alors à un collègue de
travail à qui je disais il y a peu mon goût pour les vacances improvisées, le
moins possible planifiées et lui qui me disait combien je n’optimisais pas
ainsi mes vacances ! Certes je n’optimise rien dans ces moments-là, mais à quel point je vis.
Chaque matin, je me lève tôt et je pars marcher dans la ville où je suis, histoire de découvrir, un peu.
Dijon ou Nevers.
Dijon ou Nevers.
Dijon
Musée des Beaux-Arts, Dijon
Palais ducal, Nevers
Nevers
Comme je le répète chaque jour à
Michel : étrange pour moi d’être ici. En vacances et pas du tout en vacances.
Sans ma famille et loin de chez moi. Impression pour quelques jours de naviguer
entre deux eaux. Les journées filent, des questions m’interpellent, je vis
pleinement ma deuxième vie, celle si visible et si secrète à la fois, et je me
dis, pourvu que cela recommence, avoir de nouveau cette chance.